LES DÉPENSES DE SAINT LOUIS

Paris, Archives Nationales, AE II 258 (ancien J 1168), Trésor des Chartres
Paris, Archives Nationales, AE II 258 (ancien J 1168), Trésor des Chartres

Comptes de l'hôtel de Louis IX : tablettes de cire de son chambellan Jean Sarrazin

 

Hérité de l'Antiquité, l'usage de la tablette de cire est encore vivace au XIIIe siècle. C'est ainsi que le chambellan du roi

Jean Sarrazin y consigne les dépenses de l'hôtel de Louis IX, dont sont conservées deux années, 1256 et 1257. Il s'agit de pièces d'une rareté exceptionnelle car ces tablettes, recopiées sur registres, étaient destinées à resservir, et donc à être régulièrement effacées.

 

En témoignage le trait qui raye la totalité du texte gravé dans la cire, et qui rend l'écriture d'autant plus difficile à lire. Il n'existe que sept exemples comparables, mais tous postérieurs à celui-ci.

 

Les tablettes de Jean Sarrazin constituent une sorte de relevé des comptes que le roi avait chez les Templiers où était déposé son trésor.

Elles gardent la trace des retraits et des paiements effectués par les clercs du souverain auprès des six métiers de l'hôtel royal : paneterie (boulangerie), échansonnerie (cave), cuisine, fruiterie, écurie et chambre (garde-meubles et garde-robes).

 

Chaque métier disposait d'un compte séparé et des bilans étaient établis régulièrement.

On trouve aussi, dans l'ordre alphabétique des prénoms, les comptes que des particuliers avaient, à des titres divers (équipement, gages, aumônes), auprès du service du roi : du chevalier au barbier, en passant par les quatre chambellans et le garde du trésor.

 

Ces tablettes, par-delà un aperçu unique sur les pratiques financières d'un monarque soucieux de réformer l'administration de sa Maison, nous offrent des renseignements extrêmement précieux sur son train de vie, son entourage, sa vie quotidienne et ses déplacements.

Tablette de cire. Comptes de l'hôtel de Louis IX.

 

Ces tablettes (14 planchettes de bois d'érable enduites de cire gravée) étaient initialement liées entre elles en une forme de carnet, de codex, par une charnière faite de lanières de parchemin)

 

Bois et cire. 20 x 47 cm.

 

Paris, Archives Nationales, AE II 258 (ancien J 1168), Trésor des Chartres
Paris, Archives Nationales, AE II 258 (ancien J 1168), Trésor des Chartres

On écrivait avec des stylets de bois, d'os, de fer ou d'argent. Le bout pointu du stylet servait à écrire ; l'autre bout, évasé, à effacer l'écriture.

Fabriquées par des tabletiers, dont le métier était organisé comme toute autre corporation, les tablettes étaient employées par les clercs, les écoliers, les marchands, les princes.

 

Elles étaient utilisées pour apprendre l'alphabet, pour prendre des notes durant les cours ou les sermons, servaient de brouillons pour des œuvres littéraires ou artistiques (le poète Baudri de Bourgueil, au XIIe siècle, leur consacre un poème). Elles étaient aussi employées pour écrire des comptes, usage répandu chez les gestionnaires d'abbaye, de ville, parmi les comptables des princes, chez les marchands. 

Les tablettes coûtaient moins cher que le parchemin. Le papier a sonné la fin de leur emploi. Étant donné leur caractère d'objet courant, voire déconsidéré, et leur fragilité, peu de tablettes sont conservées.

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